Les maladies neurodégénératives constituent un groupe de pathologies progressives
affectant le fonctionnement du système nerveux. Il s'agit en générale d'une détérioration du fonctionnement des cellules nerveuses
aboutissant à la mort des neurones et à la destruction du système nerveux. Le cerveau et la moelle épinière peuvent être touché
par des lésions diffuses ou limités à certaines zones spécifiques. Les maladies neurodégénératives les plus connues sont l'Alzheimer,
le Parkinson et la chorée de Huntington.
II-1/ Les greffes de neurones
Cette nouvelle thérapie
est née à l'université de Lund en Suisse où ont été mises au point des greffes de neurones chez des animaux et qui ont été
ensuite appliquées aux êtres humains et notamment aux malades de Parkinson. Le Dr Anders Bjorklund et son équipe avaientt
montré en 1975, que les neurones foetaux greffés dans le cerveau adulte d'un rat pouvait s'intégrer et former de nouvelles
connexions avec les autres neurones , ce qui prouvait que le cerveau était capable de régénération contrairement à l'idée
qui prévalait à l'époque. Mais ce n'est qu'en 1979 qu'il montra que la greffe de neurones foetaux était capable de corriger
les symptômes de la maladie de Parkinson chez un modèle animal. Il fut alors envisagé de faire des greffes de neurones sur
les patients atteints de Parkinson. La première opération eut lieu en 1987, et a eu des résultats assez encourageants.
La première cible
thérapeutique des greffes de neurones est la maladie de Parkinson évoluée. Il s'agit d'une affection neurodégénérative qui
altère le contrôle des mouvements. Cette maladie se caractérise par le dérèglement de systèmes neurotransmetteurs dont le
système dopaminergique (avec déficit de dopamine, qui est un transmetteur). Pour compenser le déficit dopaminergique cérébrale
on a recours à la prise du précurseur de la dopamine la L-DOPA, mais ce traitement perd de son efficacité au cours du temps.
C'est là qu'intervient le besoin d'une thérapie complémentaire telle que la chirurgie. Les greffes de neurones foetaux vise
à la substitution de l'innervation dopaminergique déréglée chez le malade et cela grâce à l'implantation de cellules très
jeunes et donc très plastique dans le cerveau. Le tissu à greffer doit contenir des neuroblastes, cellules nerveuses très
peu différenciées et susceptibles de se transformer en neurones. Il y a donc un intervalle de temps précis pendant lequel
doit se faire le prélèvement du foetus, qui est dans le cas de neurones dopaminergiques de la 6ème à la 8ème semaine ce qui
correspond dans de nombreux cas à l'age du foetus lors d'IVG (interruption volontaire de grossesse).On dissèque la région
mésencéphalique ventrale contenant la substance grise en formation puis en la découpe en petits cubes de sorte qu'il puissent
être aspirés dans l'aiguille utilisé lors de l'injection intracérébrale. Les patients traités à un stade évolué se retrouvent
dans une situation qu'ils avaient connue au début de la maladie, cette méthode permet aussi une réduction des doses de médicaments
ainsi que l'amélioration de l'utilisation de la L-DOPA se traduisant par une augmentation de la vitesse du mouvement sous
traitement , un allongement de son effet ainsi que la disparition des fluctuations. Grâce à l'imagerie cérébrale on a pu montrer
que les cellules greffées forment de nouvelles connexions avec les neurones des régions malades en effet c'est grâce à la
faculté du système nerveux qui permet de modifier ses connexions avec la création de nouvelles liaisons synaptiques que ce
genre de pratique peut être envisageable.
La greffe de neurones
foetaux est aussi utilisé pour le cas de malades atteints de la Chorée de Huntington. Il s'agit d'une affection neurodégénérative
héréditaire entraînant une démence et attaquant les cellules neuronales situées dans une petite région du cerveau appelée
Striatum. Cette maladie se traduit par des symptômes tels que des mouvements incontrôlables, brusque et irrégulier , des distorsions
et des spasmes. La marche est alors difficile voire impossible. Cette maladie s'accompagne aussi d'un affaiblissement intellectuel
qui s'installe et qui peut aboutir à un état de démence irréversible (désorientation dans le temps et l’espace, troubles
de mémoire, de l’attention, du langage, du raisonnement, des reconnaissances, de l’humeur (euphorie ou dépression),
du comportement...) .Les symptômes de cette affection dégénérative varient et évoluent selon les individus. Le décès survient
en moyenne au bout de 15 à 20 ans.
Des malades atteints
de la maladie de Huntington dont l'état ne pouvait qu'empirer et qui étaient voués à une mort certaine ont pu récupérer des
facultés cognitives et motrices importantes et cela grâce à une greffe de neurones. Pour trois des cinq patients auxquels
l'équipe du Dr Marc Peschanski a greffé des cellules neuronales foetales, la vie a pu reprendre. Cette intervention a eu pour
but de remplacer les neurones détériorés par les cellules neuronales prélevés dans le cerveau de deux embryons de huit à dix
mois. Les cellules ont été émincés puis introduite à l'aide d'une aiguille dans le Striatum lésé du patient. Les neurones
foetaux se développent et font pousser des prolongements dans le cerveau adulte .L'activité cérébrale, enregistrée par tomographie
à émission de positons, deux ans après la greffe, est soit stable, soit même augmentée chez deux de ces trois patients, alors
que les malades non traités perdent en moyenne 7% d'activité par an.
Cette équipe a réussi
donc à prouver l'efficacité de ce type de traitement qui constitue un réel espoir pour les personnes atteintes de maladies
neurodégénératives.
II-2/ La stimulation de la plasticité cérébrale
L'Alzheimer est une
maladie neurodégénérative du tissu cérébrale qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales.
André Fisher du Massachusetts
Institute of Technology a décidé rendre la mémoire à des souris "Alzheimer" grâce à un milieu stimulant. Modifiées génétiquement,
ces souris présentaient tous les troubles de la maladie chez l'Homme, avec notamment une destruction des neurones et une perte
de la mémoire. Un groupe de souris a eu droit à un milieu "enrichi" et stimulant contenant échelles, tunnels et autres roues
d'exercice, tandis que l'autre groupe a été maintenu dans un milieu calme dépourvu de toute source d'activité. Après dix jours
d'entraînement les souris appartenant au premier groupe mettaient 20 secondes de moins que les autres à sortir du labyrinthe.
Grâce au microscope on remarque qu'il n'y a pas de nouveaux neurones mais plutôt la formation de nouvelles dendrides ainsi
que de nouvelles synapses. Cette stimulation a provoqué une régénération cérébrale et une amélioration de la mémoire puisqu'elle
a entraîné la stimulation de la plasticité cérébrale (création de nouvelles dendrides et modification de la connexion synaptique).
D'après M.Fisher, ces résultats peuvent suggérer le fait que comme à ces souris ce processus peut être une réussite sur l'Homme.